La fille de Monaco et Le Concert

Publié le 12 janvier 2010 dans [ cinema ]

Récemment, j'ai eu l'occasion de voir deux films : La fille de Monaco, d'Anne Fontaine et Le Concert, de Radu Mihaileanu, deux films qu'on m'avait auparavant beaucoup recommandés.

Louise Bourgoin et Fabrice Luchini
dans La fille de Monaco

La fille de Monaco est, en bref, l'histoire d'un avocat parisien qui descend pour un procès difficile à Monaco et s'amourache d'une présentatrice météo d'une chaîne locale aux moeurs disons facile (en français, une chagasse. L'avocat, c'est Fabrice Luchini, la starlette, c'est Louise Bourgoin. Le troisième rôle principal est joué par Roschdy Zem, agent de protection rapprochée de l'avocat, parce que le procès met en cause un Russe aux accointances mafieuses.

Le film dure 1h30. C'est court, mais je ne le reprocherai pas à la réalisatrice. Le scénario manque cruellement de profondeur. On touche au thème de l'obsession, on se rapproche du film noir, mais l'on s'en tient à des enchaînements de petites scènes. Le procès n'est qu'un décor, un prétexte pour donner à Luchini ses manières et à Roschdy Zem une raison d'être là. On ne verra que peu les Russes, l'affaire à traiter n'a aucune importance. Jusque là, ok, pourquoi pas. Mais avec un tel parti pris, il faut remplir le film avec autre chose. Et c'est là que le bât blesse. Les personnages sont assez creux et la trame ne rend pas vraiment crédible l'idylle Luchini/Bourgoin (la gaieté et la plastique de cette dernière ne suffisent pas à faire un film). Il y a eu un semblant d'histoire "avant le film", mais ça ne va pas loin non plus. On a des scènes où l'on tend aussi vers le film-à-duo-d'hommes, mais ça ne vaut pas ce qui se fait ailleurs. D'autres scènes me paraissent aussi assez inutiles, comme celle de la piscine, ou celle de la révélation de l'homosexualité du fils -- ce ne sont pas des révélations cruciales. Quant à la fin, que l'on ne dévoilera pas, c'est aussi peu crédible que ce qui précède. On aimerait que le thème de l'obsession amoureuse soit développé, que l'on va verser dans le film noir, on pense à ce que Chabrol aurait pu faire du script.

Mélanie Laurent dans Le Concert

Le Concert raconte l'histoire d'Andreï Filipov, chef d'orchestre dont la brillante ascension s'est arrêtée en 1980 quand Brejnev a interrompu l'un de ses concerts pour des raisons politiques. En 2009, homme de ménage au Bolchoï qui n'a plus dirigé depuis 30 ans, il a l'occasion inespérée de prendre sa revanche et de venir jouer au Théâtre du Châtelet, à Paris. Avec les musiciens d'alors, à la place des actuels membres du Bolchoï.

J'ai beaucoup plus apprécié ce film que le précédent. Le fim commence par une longue partie à Moscou. Filipov est accompagné par son copain violoncelliste devenu ambulancier, le débonnaire Sacha. À eux deux, ils vont parcourir la ville pour retrouver chacun des ex-musiciens. Qui se sont reconvertis hors de la musique, en gardien de musée, vendeurs de légumes au marché. Leur tournée de reprise de contact, en ambulance, est un grand moment -- très bon choix de profession pour Sacha. Ils sont soutenus par la femme de Filipov, Irina, pourvoyeuse de figurants pour manifestation du PC (eh oui) et par leur manager Garilov, apparatchik qui rêve du Grand Soir à Paris. Cahin-caha, grâce au système D, les Russes arrivent à Paris. Là, le rythme baisse un peu. Mais les péripéties s'enchaînent quand même agréablement : les relations se tendent avec les officiels du Châtelet -- bon duo Abelanski-Berléand --, le matériel et les costumes à trouver, l'oligarque Russe qui se greffe au groupe. Et puis, les musiciens qui se mettent à profiter de Paris de façon un peu inattendue. Le réalisateur rattrappe bien son histoire, notamment avec l'apparition de Mélanie Laurent -- bien meilleure que dans Inglorious Bastards et toujours aussi jolie -- et de son agent-mère adoptive, jouée par Miou-Miou. Arrive ensuite la dernière partie du film, la représentation au Châtelet du fameux Concerto pour violon et orchestre de Tchaïkovski. Le dénouement de l'histoire a alors lieu, le film entrecoupant la musique filmée et quelques flashbacks éclairants. Au final, malgré quelques clichés ("toutes notes recherchent harmonie") ou invraisemblances (pour des Russes qui n'ont pas parlé notre langue depuis 30 ans, ils se débrouillent un peu trop bien -- mais c'est du ciné et on s'en fiche un peu en fait), c'est un bon film. Pas le film de l'année, mais bon quand même.